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Vieille d’à peine cinquante ans seulement. Notre révolution sexuelle ne fait encore que commencer. Et ce, bien malgré l’hypersexualisation de notre époque. Décriée par plusieurs. Nous pourrions dire que ce processus de libération tient de l’exploit. Compte tenu de la honte et de la culpabilité inimaginables dans lesquelles notre sexe avait été noyé.

Les premières avant-gardes «libérées». Beatniks, hippies ou autres. Ont d’ailleurs eu massivement recours à l’intoxication. Pour chasser de leurs esprits. Les interdits de leurs ancêtres. Le rock continua sur leur lancée. En scandant leur célèbre Sex, drugs (and Rock and roll). Groupe phare du mouvement punk, les Sex Pistols trouvent rapidement leur bassiste Sid Vicious mort d’une overdose d’héroïne. À l’âge de 21 ans. Bien avant que l’ecstasy. La molly. Devienne la nouvelle drogue de l’amour.

Aujourd’hui encore, des milliers de jeunes sont incapables de vivre une intimité réelle sans consommer de substances. Ils ont trop peur. Ils ont trop honte de leurs corps. De nombreux hommes n’arrivent pas à bander à jeun. Ou alors l’éjaculation devient précoce. Saouler une fille. Une femme. Pour l’aborder dans un bar. Fait partie de la routine de base du don juan moderne. Tout à fait normal. C’est ce qu’ils font dans les films à Hollywood. Dans les vidéos clips. Et les annonces de bières. Nous faisions la même chose jadis. Avant de démystifier le pouvoir incroyable du coup de foudre.

Évidemment, deux personnes qui se trouvent traversées par la foudre n’ont plus besoin de bière. De joint. De pilule. De coke. Leur high les porte déjà assez haut. Et ils ne craignent plus la chute. Ils n’ont plus peur de se réveiller le lendemain. Face à face avec quelqu’un d’autre. C’est-à-dire une personne à jeun. Souvent beaucoup plus inhibée.

Nous nous demandons désormais comment nous faisions pour nous envoyer en l’air avec des gens. Sans qu’ils ne nous fascinent profondément. Sans même les regarder dans les yeux. Sans même être captivés par leurs corps en entier. Comme nous le sommes maintenant aussi face au nôtre.

Nous songeons souvent à tous ceux et celles qui ne connaissent comme unique moyen d’entrer en lien. Que le rapport purement génital. Et toutes ces filles et ces femmes. Qui tentent en vain de se faire aimer. En montrant leurs fesses et leurs seins au monde entier.

Si seulement elles arrivaient à voir elles-mêmes dans le miroir qu’elles sont infiniment plus que ça. Infiniment plus que tous ces corps-objets pornographiques. Qui grâce à internet peuplent désormais l’imaginaire de tout jeune garçon.

Les scandales des derniers temps ne sont que la pointe d’un iceberg.

Dans d’autres civilisations. Le peuple célébrait les symboles sexuels sur la place publique. Sans honte. Sans tabou. Et sans que leurs adultes ne rient nerveusement. Comme des petits enfants à qui on raconte des blagues de cul.

La suite de notre révolution sexuelle. Ne multipliera pas nos partenaires. Ne nous dévêtira pas davantage. Ne coupera pas les seins et les testicules de nos jeunes au nom de leur bien-ĂȘtre. Elle nous fera aimer nos corps. Elle nous mettra toujours plus radicalement à nu face à celui ou celle que nous avons choisi. Sans même avoir besoin de Kama Sutra. Ni de chandelles.

Que nous soyons dans la tendresse.
Ou la fougue la plus sauvage.
Et ce.
Jusqu’à nos vieilles années.




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