menu | contact : info@manifestepost.org
article précédent | suivant










L’idée qu’un messie viendra nous sauver se trouve encore profondément inscrite au cœur de notre imaginaire collectif. Probablement l’héritage millénaire de notre tradition judéo-chrétienne. Ou tout simplement le réconfort bien connu d’avoir eu des parents au-dessus de nos têtes pour nous guider.

Malgré le cynisme ambiant. Nous observons encore cet espoir démesuré briller dans les yeux de plusieurs. Le jour de l’élection de nouvelles figures politiques. Obamamania, Trudeaumania et autres. Jusqu’à la prochaine déception. Car les humains demeurent évidemment faillibles.

Dans la sphère spirituelle, les Maîtres se multiplient. Venus des quatre coins du globe. Libre à chacun désormais de magasiner son leader personnel. Selon ses goûts et préférences.

Ce besoin de chef, lorsque l’idole culturelle ne suffit plus, se retrouve également parmi les groupes les plus anarchistes et alternatifs. Le nom des meneurs passe parfois sous silence. Mais nous sentons malgré tout ceux et celles qui tiennent le gouvernail. Qui tirent les ficelles. Nous avons grandi avec l’idée qu’un groupe ne peut atteindre une certaine cohésion sans capitaine. Nous ignorons encore ce que peut atteindre une synergie collective horizontale qui tend vers son plein déploiement. Plusieurs explorations et initiatives pointent vers cet horizon. Mais nous n’en sommes encore historiquement qu’au début de l’aventure. Le siècle ne fait que commencer.

Il reste à lâcher prise et nous ouvrir toujours plus radicalement. Encore une fois, la Sensation nous laisse présager l’inédit. Déjà étonnés de constater que le phénomène s’approfondissait à l’intérieur d’un duo. Nous avons graduellement réalisé qu’il pouvait s’élargir et circuler à travers un groupe entier d’humains. Nous ne parlons ici ni de partouze. Ni d’amour libre. Ni de nous coller les uns contre les autres sans même nous avoir connus et apprivoisés. Ni de nous tenir les mains en cercle en prétendant que nous nous aimons.

Nous parlons d’êtres humains qui réussissent. En présence de leurs semblables. À sortir temporairement de ce qu’ils ont l’habitude d’être. La tête et les pieds dans le vide. Pour devenir littéralement fascinés par ce qui est en train de surgir entre eux. Devant leurs yeux. Le vertige du silence dans un premier temps. Puis l’émergence très lente. D’une sorte de mouvement intuitif. Simultané. Avec les ombres et souffrances des uns. Et des autres.

Une écoute et une humilité d’un tout autre ordre.

Un phénomène encore très rare. Qui ne passe pas encore à la télévision. Ni sur Youtube. Et qui nous rempli d’une joie…

Il n’y a pas de mots.

Ce phénomène nous permet de sentir que lorsque nous sommes réunis de la sorte par la foudre. Chacun devient leader. Tout en s’accordant spontanément. Graduellement. Aux horizons des autres.

Plusieurs nous traiteront peut-être de naïfs. D’utopiques.
Ce n’est pas grave.
C’est aussi ce que nous aurions pensé avant de le vivre.
Avant de commencer à essayer de nous regarder en face.


* * *


Citation de David Bohm, physicien,
dans Synchronicity, the inner path of leadership, 1996 :


«À l’heure actuelle, les gens créent des barrières entre eux dues à leur pensée fragmentaire. Chacun fonctionne séparément. Lorsque ces obstacles sont dissouts, alors apparaît un seul esprit, où ils forment une unité, tout en conservant également leur propre conscience individuelle. Cet esprit va encore exister même s’ils se séparent, et quand ils se retrouveront, ce sera comme s’ils ne s’étaient jamais séparés. Il s’agit en fait d’une intelligence unique qui se développe entre des gens qui entrent en relation les uns avec les autres. Les signaux qui passent de l’un à l’autre sont reçus avec la même conscience que celle qui nous habite individuellement lorsque nous faisons du vélo ou du ski. Par conséquent, ces gens forment vraiment un tout. La séparation entre eux n’engendre pas de blocage. Ils agissent ensemble. Si vous aviez un certain nombre de personnes qui agissaient et travaillaient ensemble ainsi, elles seraient étonnantes. Elles se distingueraient tant des autres (…) Il y a une difficulté pour celui ou celle qui tente de changer seul. La plupart qualifient cette personne de saint, de grand mystique ou de grand leader. Ils se disent "Eh bien, il est différent de moi. Je ne pourrai jamais en faire autant." Le problème avec la plupart des gens, c’est qu’ils ont ce blocage - ils sentent qu’ils ne pourront jamais faire une différence et par conséquent, ils n’en envisage jamais la possibilité, parce que c’est trop dérangeant, trop effrayant.» (traduction libre de l’anglais)




menu | article précédent | suivant





manifeste post- . 2023 . Montréal.