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C’est connu. Nous épuisons à un rythme exponentiel les ressources de notre seule planète habitable. Notre unique maison. Nous savons que nous ne pourrons pas garder cette allure. Et malgré tout. Les critiques de la surconsommation peinent à trouver oreilles à leurs avertissements.

Leurs accents accusateurs et moralisateurs oublient bien souvent le rôle fondamental que jouent les biens et services pour des millions d’entre nous. Mainstream ou alternatif. Bien au-delà de répondre à des besoins pragmatiques. Ils nous procurent une identité (ex. fascinant documentaire de 4h de la BBC. traduit en français. voir 14m00s). Sans leur pouvoir d’achat. Une certaine incomplétude. Un certain vide. Guette bon nombre de nos contemporains.

La simplicité volontaire ne figure pas parmi les tendances «cool». L’évolution de la vie elle-même ne tend-elle pas vers la complexité? Nous voulons ni nous brimer. Ni nous limiter. Nous avons soif de diversité. D’abondance.

Et nous ne faisons pas exception. L’ascèse et l’austérité nous dépriment. Seulement désormais. Nous assouvissons notre désir en empruntant d’autres voies que celle de notre carte bancaire. L’infinie profondeur de la nature. De la création. De la recherche. De nos relations. Sait nous combler de manière que nous n’aurions pas pu imaginer nous-mêmes. En nous procurant une intensité. Une satisfaction. Qu’aucun bien ou service ne pourra jamais égaler.

L’ironie des publicités des cartes Visa. Passer une vie à explorer l’exubérance d’une montagne ou d’une forêt ne génère aucun profit.

Nous avons réalisé que nous consommions ce que nous n’osions plus créer. Nous-mêmes. Et entre nous. Cette invention du réel qui nous rend incroyablement plus unique que n’importe quel des achats. À condition d’arrêter de nous juger constamment. D’accorder une valeur à ce que nous faisons. À ce que nous sommes.

Vous comprendrez que nous ne nous opposons aucunement à l’échange marchand. Encore moins lorsqu’il fortifie une communauté locale. Seulement nous ne serons pas les premiers à avancer l’idée. Que dépenser moins permet de réduire nos heures de travail. Et avoir plus de temps. Ce précieux temps après lequel tant courent de nos jours. Ce temps qui nous est promis depuis des décennies avec l’industrialisation. Et la venue de cette fameuse société des loisirs.

Nous nous demandons finalement. S’il n’y a pas cachée chez plusieurs. Une peur taboue. Face à cette possibilité même d’avoir du temps. La peur du vide qui nous terrorisait aussi jadis. De l’ennui. La peur d’avoir à nous manifester. Dans tout ce que nous sommes. Car les divertissements passifs. Aussi excitants soient-ils. Comportent évidemment leurs limites.

Et la soif demeure.




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