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Nous ne voulons pas choquer personne. En disant que la structure de la pensée de la plupart des gens s’articule de manière plutôt uniforme et prévisible. Les opinions et les croyances varient. C’est vrai. S’opposent même. Mais rares sont ceux et celles qui décident par exemple. De ne plus utiliser pour réfléchir. Les notions de «bien» et de «mal». De «beau» et de «laid». De «meilleur» et de «pire».

Attendez. C’est «étrange». Mais c’est une porte.

Les spécialistes s’entendent pour admettre que ces concepts. Et plusieurs autres. Ne se retrouvent évidemment inscrits nulle part dans la nature. L’être humain les a un jour inventés. Et ils se sont transmis de génération en génération. À travers l’apprentissage du langage. S’ils nous semblent aller de soi à ce point. C’est simplement qu’ils n’ont été que très rarement remis en question.

Nous les avons nous aussi assimilés. Alors que nous étions que de jeunes enfants. Prêts à tout absorber aveuglément. Seulement un jour. Nous avons commencé à sentir à quel point ils nous faisaient souffrir. À quel point ils nous inhibaient. À quel point ils nous menaient à la honte. À la comparaison. À la haine. À quel point ils nous coupaient de ce qui nous est promis. Nous nous sommes demandé comment notre esprit pourrait fonctionner sans eux. En faisant semblant de ne les avoir jamais entendus.

Entracte.

Nous venions enfin par le fait même. De découvrir un mode de pensée compatible avec la Sensation. Sensation à l’intérieur de laquelle l’utilisation d’un bon nombre des étiquettes polarisées les plus populaires. Mène tout simplement à l’expulsion du paradis. L’atterrissage forcé après le high.

En poursuivant nos recherches. Nous avons croisés celles du célèbre physicien David Bohm (ex). Ancien collègue d’Albert Einstein. Bohm qui constata. Que comparativement aux langues indo-européennes auxquelles nous sommes habitués. Le français. L’anglais. L’espagnol. Etc. Certains dialectes amérindiens comporteraient beaucoup plus de verbes que de qualificatifs.

Plus de verbes. Donc plus de mouvement. Plus de liberté. Moins d’oppositions. Moins de divisions. Imaginez une sorte de communication non-violente (ex) radicale. Innée. Sans même de prétention à la «non-violence».

Ayant perdu nos repères initiaux. Nous avons trouvé d’autres étoiles du Nord pour orienter nos choix. Ne plus croire au «bien» et au «mal» n’impliquait pas que tout est bien. Que toute action engendre les mêmes conséquences. Restait donc cette possibilité. Cette possibilité de choisir les conséquences que nous voulions créer dans le monde.

Nous avons ressenti les conséquences de la violence par exemple. Qui engendre la peur. La fermeture des autres. Cette violence et cette peur qui tendent nos corps. Nous éloignent de la Sensation. Et nous font souffrir. En rendant impossible le lien qui pourrait nous unir à la vie.

Bien souvent nous ne savons pas ce que nous faisons. Nous ne réalisons pas les conséquences de nos gestes. Ou alors les impacts immédiats oui. Sans imaginer ceux à plus long terme. Parce que nous n’avons pas encore assez vécu pour comprendre. Ou alors nous ignorons tout simplement la joie que nous manquons. Aucun de nos proches ne nous en a parlé.

Vous comprendrez que nous préférons expliquer aux autres la manière avec laquelle ils nous affectent. Ce que nous perdons en agissant comme nous le faisons. Plutôt que de les accuser simplement d’avoir fait quelque chose de «mal». De «méchant». Être rangé sous ces étiquettes ne mène souvent qu’à la culpabilité. À la honte. À la haine de soi. À la colère. Tout pour favoriser la récidive. Lorsque le ou la pointé du doigt ne finit pas carrément. Par la revêtir comme une identité.

Bad boy. Good girl gone bad.


* * *


Citation de David Bohm, physicien, dans On creativity, 1998 :

«Quand une telle intelligence opère, alors dans chaque cas, il y a une perception de l’endroit où se dresse la ligne de démarcation en constante évolution entre une paire donnée de catégories opposées. Il y a aussi perception de la pertinence de cette paire de catégories. Ainsi, l’esprit n’est plus dominé par sa tendance mécanique à tenir invariablement compte de tels ensembles fixes et limités de catégories, ni de leurs réactions automatiques. (…) Malheureusement, la plupart de ces tentatives se concentrent, pour ainsi dire, en aval, sur les résultats de la fragmentation, et non à son origine dans notre mode de pensée et notre manière d’utiliser le langage. Cette concentration sur les résultats a vu le jour en grande partie parce que ces modes de pensée et de langage ne sont pas du tout faciles à observer. En effet, ils fonctionnent de façon très subtile, la plupart du temps à notre insu, et nous éloignent de l’attention voulue en nous empêchant de voir comment les choses sont interdépendantes. (…) En effet, il est probable que lorsque l’homme a d’abord développé la pensée abstraite en termes de langage, il ait rencontré une difficulté semblable. Et ainsi d’époque en époque, l’ancienne génération a été incapable d’aider les jeunes générations à sortir de leur confusion sur ce point. De cette façon, cette tendance à mésinterpréter le sens global de la pensée a été transmis depuis le tout début de la pensée abstraite jusqu’à nos jours. » (traduction libre de l’anglais)




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