menu | contact : info@manifestepost.org
article précédent | suivant










Nous l’avons déjà souligné ailleurs. Le monde n’arrive pas encore à voir sa propre beauté. Malgré des millénaires d’histoire. Il n’a simplement pas appris. La plupart d’entre nous ont été éduqués par des adultes se trouvant eux-mêmes moches. Ou se considérant narcissiquement supérieurs aux autres. Au-delà des beaux discours sur l’estime de soi. Nous manquons d’exemples convaincants. Incarnés.

Car derrière ce sujet aux allures superficielles pour plusieurs. Se cache la question cruciale du corps. Nous osions nous dire désillusionnés. Alors que nous n’avions pas même appris à aimer nos corps. Comme notre civilisation en entier y peine encore.

Mais nous avons un jour démasqué notre orgueil. Nous avons voulu faire face à nos manques. Et nous nous sommes mis au travail. Avec tout le sérieux que nous mettions jadis à tenter de plaire aux autres.

Il nous paraît désormais incroyable de constater tout ce que les foules déploient. Pour essayer de combler en vain cette impression contagieuse que le corps. Le corps ne suffit pas à être beau par lui-même. Maquillage. Piercing. Épilation. Bronzage. Tatouage. Chirurgie. Lifting. Liposuccion. Teinte de cheveux. Manucure. Blanchiment des dents. Musculation. Surplus protéiniques. Greffe de cheveux. Et quoi encore ? Les dépenses se multiplient à l’infini pour ceux et celles qui se sont fait convaincre très jeunes que leur corps. Tel qu’il est. N’est jamais assez.

Nous sommes probablement la seule espèce qui tente de cacher ce qu’elle croit être sa «laideur». L’humain ne nous semble pourtant pas plus «laid» que les autres vivants. Nous avons simplement développé une culture de la haine de nos corps. Et il n’en tient qu’à nous d’y rester fidèle. Ou de nous en détacher.

Ce mépris touche évidemment d’une manière particulière les femmes. Cette gente féminine qui été conditionnée de manière à se convaincre entre elles de leur insuffisance. De génération en génération. D’esthéticiennes en clientes. De mères en filles. L’idéal féminin prend des formes de plus en plus lisses. Flawless comme on dit en anglais. Plusieurs hommes n’arrivent tout simplement plus à bander devant un corps qui n’affiche pas une allure prépubère. Comme ceux de tant de stars du porno. Nombreux ont oublié par exemple que la pilosité représente un des signes incontournables de la transformation d’une fille en femme. De croire comme plusieurs que le poil rend une femme plus masculine. Ne fait que démontrer cette profonde incapacité. Voire cette profonde peur. De sentir ce qu’implique l’essence féminine. Ce qu’est une femme. À défaut de réellement contacter leur propre masculinité. Nombreux sont ceux qui tentent ainsi de maintenir leur compagne dans un corps de petite fille.

Nous ne prônons pas un retour au look des cavernes. Au stéréotype du hippie négligé. Nous aimons faire attention à nos corps. Soigner notre allure. Avec classe même parfois. Jouer avec les styles. Seulement, nous le faisons davantage pour remercier cette matière qui nous sert de véhicule. Que pour plaire aux autres.

Il nous arrive alors aussi de nous maquiller. Comme un jeu. Un déguisement. Et non comme un must. Sans lequel nous devenons incapables de nous voir briller.

Les cheveux blancs.
Les rides.
Et les cernes.
N’enlèveront rien à notre charme.




menu | article précédent | suivant





manifeste post- . 2023 . Montréal.