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Plusieurs observateurs l’ont déjà souligné. À une époque où les écrans menacent de plus en plus la qualité de nos relations. Il n’est plus rare de voir. Au quotidien. Les membres d’un couple. D’un groupe d’amis. Ou d’une famille. Avoir littéralement à rivaliser avec leurs propres téléphones intelligents et tablettes.

Dans l’espoir d’obtenir un peu d’attention.

Parce que le web s’avère un adversaire redoutable. Son omniprésence dans nos mains ou nos poches se transforme en défi réciproque. «As-tu quelque chose à me raconter de plus intéressant que tout ce qu’internet peut m’offrir, là, en quelques clics? Non? Alors tu m’excuseras, je vais juste regarder quelque chose deux secondes.» Mais les deux secondes s’étirent. Et ce qui devait être rencontre prend l’allure de deux cyber-conversations isolées. Parce que rester seul devant un être humain qui nous délaisse pour son écran affecte notre moral.

Nous ne nous positionnons pas contre la technologie. Comme certains défendeurs nostalgiques d’un retour à l’ère préindustrielle. Le web déborde à nos yeux de possibilités et de promesses. À condition que son environnement digital ne nous coupe pas progressivement de nos sens. De nos corps. De ceux de nos proches. Mais aussi de cette nature à laquelle nous appartenons. Cette inépuisable source de fascination sensorielle. Qui devient un concept de plus en plus abstrait pour les nouvelles générations rivées à leurs écrans.

Le fait que le laptop et le smartphone de plusieurs semblent devenir plus attrayants que leur partenaire. Leur ami. Et même leur enfant. Est symptomatique de l’état de nos relations. Il reflète une distance. Déjà présente. Qu’il ne fait qu’accentuer. La compulsion virtuelle pallie aussi dans bien des cas à un certain vide au niveau créatif. Une peur d’interagir face à face avec les autres. Une difficulté à supporter le poids du silence. De «l’inactivité».

En d’autres mots.

Lorsque nous nous engageons intensément.
Dans la création de notre part d’univers.

Lorsque nous savons jouir de la richesse inépuisable d’une présence humaine.
En chair et en os.
Là.
Devant nous.

Et lorsque nous réalisons que l’inouï…
Oui…
Que l’inouï requiert du silence avant d’émerger.

Alors la technologie se métamorphose de menace en alliée.
Puis apparaît ce présage que tant de ponts restent à construire.
Entre le grand réseau.
Et cette Vie.
Infiniment plus captivante que nos écrans.




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manifeste post- . 2023 . Montréal.