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Plusieurs considèrent la contradiction comme étant inhérente à leur nature humaine. Ils l’érigent même en une sorte de fierté. Comme si elle ajoutait une complexité attachante à leur personnalité. Du piquant à la vie. Comme si la cohérence ne pouvait que mener à l’ennui. Cette envie de foutre le bordel.

Nous pensions jadis de la sorte. Jusqu’au jour où nous avons réalisé que cet éloge de l’incohérence. Ne servait qu’à tenter en vain de nous justifier. De nous déculpabiliser. À défaut d’avoir appris à nous pardonner. Nous confrontions par le fait même moins les autres. En les confortant dans leurs propres paradoxes.

Nous avons fini par ressentir à quel point cet arrière-plan de contradiction dans nos vies. Nous divisait beaucoup plus que nous le pensions. Menaçait notre intégrité. Réduisait par le fait même la puissance de nos paroles. De nos actions. La crédibilité d’une personne qui tient à son inconséquence ne peut que chuter au fil de temps. Les célèbres répliques «Faites ce que je dis et non ce que je fais» ou «L’exception fait la règle» n’arrivent pas à faire le poids.

Nous n’y avions encore jamais pensé. Mais nous nous sommes rendu compte que nous pouvions échapper à cette incohérence. Non pas en devenant parfaitement à la hauteur de nos idéaux. Mais plutôt en cessant de prétendre être ce que nous ne sommes pas. En arrêtant de reprocher aux autres de faire ce que nous faisons nous-mêmes.

Notre discours commença peu à peu à se rapprocher de ce que nous étions. Même si notre orgueil allait se faire malmener dans le processus.

Ce changement ne fut pas aisé. Une large partie de nos échanges se dépensaient quotidiennement à critiquer les autres. À tenter de nous définir à l’aide d’étiquettes. Nous avons graduellement appris un tout autre mode d’utilisation de la parole. Qui tend davantage vers la création. Une création désormais libérée du poids de nos propres idéaux.

Nous avons grandi avec une telle méfiance envers notre nature humaine. Que nous pensions dégénérer en délaissant nos balises idéales. Nos concepts vertueux. Nos tables de la loi. Cette crainte de tomber dans une débauche. Une inertie absolue. Sans Surmoi pour nous pousser vers l’action. Vers le «bien». Nous expérimentons désormais qu’au contraire. La pression de ces idéaux. Devenait dans bien des cas. Un des principaux obstacles qui nous empêchaient. De tendre dans leur direction.




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