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Nos aînés nous ont tous montré très tôt à nous définir à l’aide de catégories. De mots étiquettes. La structure de notre langage nous incite en ce sens. Sans même que nous pensions à questionner ce rapport forcé à l’identité.

Vous le savez. Les étiquettes ont comme effet de regrouper certaines personnes ensemble. Mais aussi de différencier. Voire souvent d’opposer. Un groupe à un autre. Elles réunissent. Tout en divisant.

Au niveau individuel, tenter d’être réellement unique en additionnant des qualificatifs s’avère extrêmement laborieux. L’impression persistante qu’il existera toujours. Cachée à quelque part. Une autre personne pour nous voler notre liste spéciale d’attributs. Même si nous cherchons volontairement. Et avec acharnement. Les combinaisons les plus improbables.

Chez une alternative dite «spirituelle». Certains empruntent une direction opposée. En se contentant plutôt de se définir par un simple «je suis». Nous devenons ainsi tous «des frères et des sœurs». Et formons un «grand tout».

À quelque part entre les regroupements qui polarisent. Et la fusion indifférenciée. Nous aimons quant à nous nous définir à l’aide de nos histoires personnelles. Ces films de nos vies que nous verrions défiler en accéléré avant de livrer notre dernier souffle.

Ces histoires nous rendent absolument uniques. Tout en s’entremêlant entre elles pour former des récits toujours plus vastes. Nos histoires vues avec sincérité. Sans angles morts. Sans secrets. Sans jugement. Et sans analyse. Ces histoires sont inclusives. Complexes. Elles ne prétendent rien. Ne généralisent pas. Ne s’opposent jamais au vécu des autres. Nos histoires embrassent notre passé. Tout en laissant notre futur ouvert. Nous les construisons dans le présent. L’improvisation ne s’arrête pas.

Elle continue.
Là.
Maintenant.
Alors que vous décidez de continuer de lire ce texte.
Ou non.

Nos histoires nous semblent une fondation de choix pour construire notre avenir. Et pourtant. Pourtant, combien de gens ont si honte de voir et partager leur passé. Dans son entière intégrité. Sa nudité radicale. Qu’ils préfèrent s’ériger des statues de catégories. Malgré les prétentions et les souffrances qu’elles occasionnent.

Le culte grandissant du «moment présent» vient alors rassurer les foules. Encourageant cette négation du passé. Qui transparaît malgré tout.

À travers chacune de nos paroles et actions.




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