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Époque.
Désenchantée.

Le temps prend des allures d’apocalypse à retardement. La crise semble avoir immobilisé l'histoire. On nous dit que nous sommes entrés dans l’ère de la dernière chance, si dernière chance il y a. Sous les beaux quartiers gronde la tempête. On préfère faire «la fête». Comme s’il n’y avait pas de lendemain. Mais la fin du monde n’arrive toujours pas. Le siècle continue. La vie se poursuit. Et nous finissons par manquer de raisons de célébrer. Par nous lever le matin. Avec un étrange arrière-goût de vide…

Les révolutions du passé ont tourné à la tyrannie. Les communautés utopiques ont réalisé que vivre ensemble impliquait une exigence qui allait bien au-delà des beaux idéaux. Le système s’est mondialisé. Plus aucun nouveau territoire pour repartir à neuf. Le No Future punk résonne au fond de notre inconscient comme une invitation à baisser les bras. Ou fuir d’une manière ou d’une autre.

Pourtant de nombreuses initiatives surgissent ici et là. Pour tenter d’améliorer les choses. Sans pour autant réussir à soulever notre imaginaire collectif de manière convaincante. Cette impression à nos yeux. Qu’elles n’osent pas la plupart du temps. Creuser assez profond. Embrasser le monde assez large. Qu’elles hésitent à réellement plonger dans l’inconnu. Et surtout. À perdre la face.

Quant à nous, notre espoir ne dépend ni d’un futur plus radieux. Ni d’une révolution à venir. Même si elle viendra. Notre espoir ne repose pas non plus sur une quelconque forme de pensée positive (ex). Non. Notre espoir tire toute sa substance d’un phénomène que nous vivons déjà. Vous comprenez? Un phénomène que personne ne peut nous enlever. Et qui ne peut qu’être contagieux à la longue.

Discret.
Et si fascinant à la fois.

Un phénomène que nous pensions jadis impossible c’est vrai. Comme la plupart des gens. Un phénomène qui nous permet de réaliser à quel point le reste du temps. Nous avons tendance à reproduire avec nous-même et nos proches. Exactement les mêmes types de dynamiques qui nous révoltent tant. Chez les autres. Et chez l’élite dirigeante de notre monde.

Sans même nous en apercevoir.

Nous prétendre «révolutionnaires». «Engagés». Ou même «conscients». Ne nous fait donc plus aucun sens. Mais malgré tout. Quelque chose s’est mis en branle à travers nos corps.

Le vent de l’inconnu qui ne se réduira jamais au connu.

Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes. Et c’est cette force. Qui nous travaille de l’intérieur. Pour ensuite graduellement se diffuser autour de nous. C’est cette force. Qui nous donne un espoir. Qu’aucun cynique ne saurait éteindre.


* * *


Citation d’Otto Scharmer, chercheur au Massachusetts Institute of Technology, dans Theory U. Leading from the Future as it Emerges, 2009 :

«Ce que je vois apparaître est une nouvelle forme de présence et de pouvoir qui commence à se développer spontanément à partir et à travers de petits groupes et réseaux de personnes. C’est une autre qualité de connexion, une manière différente d’être présent aux autres et à ce qui veut émerger. Quand les groupes commencent à opérer réellement à partir de leurs possibilités futures, ils commencent à puiser dans un champ social différent de celui qu’ils connaissent normalement. Il se manifeste par un changement dans la qualité de la pensée, de la conversation et de l’action collective. Lorsque ce changement se produit, les gens peuvent communiquer avec une source plus profonde de créativité, de savoir, et se déplacer au-delà des modèles du passé. Ils accèdent à leur pouvoir réel, celui de leur soi authentique. (...) Quand un groupe arrive à opérer dans cette zone une première fois, il est plus facile de le faire une deuxième. C’est comme si une connexion ou un lien invisible mais permanent a été créé. Il a tendance à se préserver même lorsque de nouveaux membres sont ajoutés au groupe.» (traduction libre de l’anglais)




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