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La cigarette compte parmi les symboles incontournables de l’histoire des contre-cultures. De nombreux rebelles célèbres en ont fait la promotion. James Dean se tient toujours là. Vivant dans nos imaginaires. À quelque part entouré de plusieurs autres martyrs idolâtrés aux destins tragiques.

Quand nous étions petits. Braver l’interdit parental concernant la cigarette devenait une manière de démontrer notre audace. Impressionner nos camarades. Nous démarquer du lot. Évidemment, une fois rendu adulte, le fumeur ne brise plus aucun tabou. Sinon les recommandations de Santé Canada. Et de tous ces autres «casse-pieds» qui tentent de lui faire la morale.

Vous comprenez que fumer n’a rien à voir à nos yeux avec une question de «bien» ou de «mal». Nous ne croyons plus à ces concepts. Nous considérons simplement l’action pour ce qu’elle est. Utiliser de l’argent que nous avons gagné souvent durement. Pour acheter des substances toxiques. Que nous ingérons par la suite dans nos corps. En plus de les souffler dans les corps de nos proches. Y compris ceux qui nous sont chers.

Les menaces et les images morbides sur les cartons d’emballage n’engendrent pas les résultats escomptés. Pour la simple raison que plus ou moins consciemment. Nombreux sont ceux et celles qui ne tiennent pas réellement à leur vie.

Ils n’ont bien sûr pas choisi de se mépriser. D’autres personnes les en ont convaincus. Souvent très tôt. Et chacun de leur geste d’autodestruction rappelle au monde entier leur soumission à ce conditionnement. Ce conditionnement qui leur a été imposé alors qu’ils n’avaient aucun outil pour se défendre.

Nous aimons d’ailleurs nous rappeler qu’il y a moins d’un siècle de cela. Une femme fumeuse ne dégageait rien de très charismatique. Rien de très «cool». Pour remédier à cette importante perte de clientèle. Les compagnies de tabac demandèrent l’aide d’un certain Edward Bernays. Neveu de Freud.

Cet homme eut l’idée d’utiliser les théories du célèbre psychanalyste pour développer ce qu’il intitula «les relations publiques». Il avoua lui-même en entrevue (ex. fascinant documentaire de 4h de la BBC. traduit en français. voir 7m57s) que l’expression suscitait moins de méfiance que le mot «propagande». D’une simplicité désarmante, le concept consistait à associer dans l’imaginaire collectif un produit de consommation à un désir inconscient de la population. Lors d’un défilé aux États-Unis, un groupe de suffragettes furent donc embauchées pour fumer et présenter la cigarette comme étant «un flambeau de liberté» (ex. voir 10m10s). Rien de moins. La nouvelle fit rapidement le tour du pays et c’est ainsi que de nouvelles générations de femmes enthousiastes se mirent à fumer en quête d’émancipation.

Et encore de nos jours. D’innombrables femmes. Incluant même des «féministes». Croient se rebeller en fumant. Alors qu’objectivement. Elles dilapident leurs ressources. Détruisent leurs corps. Et célèbrent à chaque fois. Le succès phénoménal et historique de cet homme. Cet homme qui a un jour su convaincre des millions de filles et de femmes de payer de leurs propres poches pour s’intoxiquer.

Quant à nous, nous croyons qu’il existe une infinité d’autres prétextes pour prendre une pause. Inspirer à fond. Décompresser. De multiples manières alternatives d’entrer en contact avec le sexe opposé. Ou de faire face au silence.

Et si nous gagnons temporairement quelques livres dans la transition.
Nous savons qu’elles ne nous empêcheront pas de nous voir briller.




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