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Le mot «biologique» sert désormais d’argument marketing. Plusieurs parleront de green washing. Certains douteront même de la validité de certaines certifications. Néanmoins, il existe de nombreuses fermes (ex). Que nous pouvons visiter en chair et en os. En rencontrant ceux et celles qui y œuvrent. Pour constater par nous-mêmes. Qu’ils n’utilisent ni pesticides. Ni herbicides. Ni insecticides.

Nous n’avons pas l’intention ici d’accuser avec dégoût ceux et celles qui ne mangent pas bio. Comme ces moralisateurs plus ou moins subtils qui ne manquent pas une occasion de rappeler au monde entier l’origine de leurs aliments. Manger bio n’est ni pour nous une histoire de fierté. Ni une manière d’éviter de nous sentir coupables. Rappelons-nous que nous ne croyons plus à la culpabilité.

Nous le faisons car nous avons visionné trop de documentaires présentant des ouvriers agricoles équipés d’habits une pièce. Le visage couvert d’un masque à gaz. Aspergeant sur les champs dans lesquels poussent nos futurs aliments. Des produits visiblement assez nocifs pour qu’ils ressentent le besoin de se protéger à ce point. Face au dilemme d’avoir à choisir entre un fruit, un légume qui a été recouvert de ces produits. Et un autre demeuré intact.

Notre décision nous semble désormais évidente.

Nous n’avons pas même besoin d’études scientifiques démontrant les risques encourus. Et ce, même si les recherches tendent de plus en plus à faire le lien entre l’apparition massive de ces produits toxiques dans les années 60. Et certaines maladies en hausse comme le cancer.

Pour la petite histoire. Rappelons-nous que l’industrie agricole moderne est née de la récupération des installations chimiques de la deuxième guerre mondiale. La lutte contre la vie a simplement changé de cible.

Malgré tout, manger bio demeure un comportement marginal. Certains parleront d’un luxe. Ou d’une manie de granos. D’écolos. Le réseau entier de nos écoles et de nos hôpitaux continue à servir à nos proches malades et nos enfants de la nourriture ayant été pulvérisée de produits toxiques. La grande majorité de nos restos aussi. Les laver à l’eau et enlever la pelure ne suffit évidemment pas. Les toxines contaminent les sols dans lesquels les racines de nos aliments puisent eau et minéraux.

Comme si le tableau était trop gros pour qu’on le regarde collectivement en face.
À croire que nous n’avons pas encore assez souffert.

Lorsqu’un changement est envisagé, l’argument financier prend rapidement l’avant-scène. Bien que pour le producteur, cultiver bio ne soit pas nécessairement moins rentable à long terme. Dans le cas du consommateur, acheter bio coûte effectivement plus cher pour l’instant. Nous connaissons pourtant des proches. En théorie sous le seuil de la pauvreté. Qui ne se considèrent d’ailleurs aucunement pauvres. Et qui mangent 100% bio en ville. Tout revient à une question de priorités.

Notez que nous avons à peine parlé d’environnement. Nos produits toxiques affectent bien sûr une multitude d’autres espèces vivantes. Qui ne nous ont pourtant rien fait. Au contraire. Nous les exploitons. Certains sont d’ailleurs fiers de lutter pour leur sauvegarde. Tout en détruisant leurs propres corps humains.

Quant à nous. Nous avons plutôt l’impression de faire partie d’un tout. Nous avons commencé à nous soucier de l’environnement. Non pas pour nous donner bonne conscience. Ni pour augmenter notre prestige d’écolos. Mais parce que nous avons commencé à nous respecter nous-mêmes.

Et que la frontière entre nous et notre environnement.
N’existe pas.


* * *


Citation de François Terrasson, chercheur et maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle, dans La peur de la nature, 1988 :

«Pour changer quelque chose en matière d’environnement, il faudra changer quelque chose dans les bases psychologiques qui sous-tendent la culture. C’est-à-dire au niveau le plus difficile, et dont l’existence est pour beaucoup à peine soupçonnée. Je pense donc que la raison fondamentale qui nous empêche de réussir une éducation à l’environnement c’est la très mauvaise connaissance dans l’humanité du registre des émotions et l’état tout à fait primitif dans lequel est leur gestion.»




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