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Le goût de notre époque pour l’ironie. Le cynisme. Le kitsch. N’est plus à démontrer. Après avoir été déçus par nos aventures amoureuses, politiques et spirituelles, nous emballer sincèrement pour quoique ce soit nous terrifie. À l’exception peut-être de nos idoles culturelles. Dont la chute anticipée augmente même le charme.

Nous craignons probablement encore davantage le regard que les autres poseront sur notre éventuel enthousiasme. Cette peur d’être accusé de naïveté. Comme si la lucidité consistait à croire que tout avait déjà été essayé.

Allez…

Reste alors la parodie. L’autodérision. La sagesse de savoir rire de soi. Nous multiplions les seconds, les troisièmes et les quatrièmes degrés dans nos discours. Pour s’assurer de pouvoir échapper à la critique. Se prendre au sérieux devient un défaut. Une prétention. Et c’est ainsi qu’un concours de perspicacité prodigieux se développe. Autour de contenus auxquels nous ne croyons même plus vraiment. Car si nous y croyions. Nous n’éprouverions pas tant ce besoin de cacher ce que nous sommes.

Certains sociologues prédisent que cette ère du faux fera éventuellement place à une montée de l’authenticité. Retour de balancier. Plusieurs compagnies ont d’ailleurs déjà devancé cette tendance en promettant une expérience «d’authenticité». «D’originalité». À l’achat de chacun de leurs produits.

Mais nous savons bien que la réelle intensité de l’authenticité. Celle qui sait nous combler. Cette intensité se situe à un tout autre niveau. Nous la retrouvons ici et là dans la vérité simple, criante et bouleversante de certaines créations artistiques. Ces œuvres dans lesquelles les foules semblent enfin se retrouver. Une vérité fictive souvent assez semblable à la nôtre finalement. Si seulement nous n’avions pas si honte de la dévoiler. Dans toute sa complexité. Avec ses ombres. Et ses lumières.

En ayant le courage d’une telle franchise. Nous avons découvert que nous sommes moins séparés des autres que nous le pensions. Les liens qui nous réunissent augmentent graduellement notre sentiment de fascination. Et nous touchons progressivement à quelque chose d’assez difficile à nommer. Quelque chose qui pourrait être qualifié d’épique. Voire de grandiose. Ce grandiose vers lequel nous tendions avec tant de démesure. À travers notre goût du kitsch.

Tout en ridiculisant notre propre quête.
Pour éviter d’être déçus.
Une fois de trop.




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