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Ni bête.
Ni ange.
Nous n’avons pas de prétention à l’illumination.
Ni à la sagesse.

Nous sentons cette agressivité gronder à l’intérieur. Par moments. La culture populaire a su reconnaître. Donner une voix à cette colère. À cette rage. Eminem. Kurt Cobain. Et tous ces révoltés porte-paroles de générations entières. Couverts de succès et de malheur en retour.

Combien de fois avons-nous senti cette agressivité niée chez certains groupes alternatifs? Spirituels. New Age. Et autres. Comme si leurs membres cherchaient à donner le «bon» exemple à tout prix. Avec les innombrables refoulements que cette tentative implique. Leurs attaques ne deviennent alors que plus insidieuses. Plus voilées. Cette violence condescendante cachée derrière leur sourire inébranlable. Leur sentiment de supériorité plus ou moins avoué. Les agressifs passifs diront certains.

D’autres groupes explorent l’autre extrémité du spectre. La fougue de l’explosion punk. Ou encore une certaine prédilection pour le trash. La violence extrême. Nous naviguons à quelque part entre les deux pôles. Nous ne voulons ni réprimer notre hargne. Ni en faire comme certains activistes notre centre de gravité.

Nous voulons surtout créer à l’intérieur de nos relations. Une place pour la gamme entière des émotions. Un espace pour la sincérité. Pour ressentir sans jugement ce que vit vraiment l’autre. Avec les tempêtes qui peuvent surgir.

La colère devient à nos yeux signal. Une alarme. Non pas une invitation à nous complaire dans le rôle d’opprimés. Mais bien à agir de manière inédite. Pour combler nos besoins. Pour retrouver le lien perdu.

Nous croyons qu’il est possible de nous déchaîner sans nécessairement nous blesser. Sans nous insulter. Qu’il est possible de nous affronter sans nous laisser de marques. Qu’elles soient physiques ou psychologiques. Ces blessures qui creusent souvent entre deux personnes. Une distance qu’elles n’arrivent plus à combler.

Un fossé à travers lequel la foudre.
Ne semble plus réussir à circuler.
Alors qu’il restera pourtant toujours.
La possibilité radicale.
De nous pardonner.


* * *


Citation d’Alexander Lowen, psychothérapeute,
dans La joie retrouvée, 1995 :


«La colère est une réponse naturelle à des situations dans lesquelles l’intégrité et la liberté sont atteintes ou menacées. (…) Les enfants qui ont gardé leur aptitude à exprimer leur colère ne deviennent pas des adultes colériques. En dehors de leurs accès de colère, ils se montrent plutôt doux, sauf en cas d’abus ou de violences. Leur colère est généralement appropriée à la situation du fait qu’elle n’est pas nourrie par des conflits non résolus et les blessures du passé. (…) Un adulte doit savoir qu’il peut avoir une colère suffisamment intense pour tuer, mais qu’il ne passera pas à l’acte car ce ne serait ni approprié, ni prudent. La tendance à passer à l’acte provient d’une composante infantile de la personnalité. Le fait d’éprouver et d’exprimer un sentiment de fureur meurtrière sans passer à l’acte ni même avoir l’intention de le faire est en conséquence un signe de maturité, celui de l’âge adulte.»




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